Coqu1lles

imageL’imprimé sur vêtement ce n’est pas nouveau… les copies de marques à bon marché non plus, soit sous la forme de pure et simple contrefaçon, soit en forgeant une marque d’aspect très proche de la marque copiée. Mais aujourd’hui, en un seul trajet en métro, j’ai pu voir deux vêtements portant des marques avec une « vraie » coquille dans le logo sérigraphié.

Un gamin d’abord portait un blouson ATCION MAN, avec l’inversion du C et du T comme sur cette image, puis une jeune fille portait un sac ROOUEFORT CHEFSE, tel quel (on sait que Roquefort comme champagne est une appellation « inaliénable »).

Je suis peut-être un peu à la ramasse, mais n’avais jamais vu ce procédé. D’habitude on trouvait des noms proches du modèle, mais tout de même disctincts (Nuke, Adisse, Leevi peut-être). Là on s’approche d’avantage des spams, qui essaient de rendre lisible le nom Viagra en insérant des lettres qui ne seront pas reconnues par les filtres chargés de placer automatiquement le courrier indésirable à la corbeille (V1AG8A, par exemple), en laissant l’œil humain reconstituer le message. La nuance est mince mais elle est significative.

Alors, soit les marques occidentales qui achètent si peu cher en Asie vont jusqu’à courir le risque de la coquille, ce qui est hautement improbable, tant elles sont pointilleuses sur ce point, la marque en elle-même leur seul fond de commerce (cf. le classique livre No Logo de Naomi Klein), soit les contrefacteurs modernes ont renouvellé leurs techniques en n’essayant plus de créer des noms, fussent-ils proches d’une marque existante, mais en ne travaillant plus que sur le visuel et en reconstituant – idéographiquement -l’empreinte « rétinienne » de leur modèle, et en jouant avec les glyphes comme le font les spammeurs, au plus près de la marque. Ce qui est plutôt amusant à voir, la précaution qui consiste à introduire une coquille dans un logo franchement plagié ressemble plus à un clin d’œil (c’est le cas de le dire) qu’à autre chose.