A-Bé-Cé

Ayé, je l’ai vu en librairie, Dixel qu’il s’appelle, un nouveau dico (débaptisé Robert) de la maison fondée par Paul Robert. Avec un grain de pixel mis dans le nom et un site web adjoint. Grand public, le positionnement par l’éditeur, donc, qui propose quelque chose là où le petit Larousse fait la loi, et où il ne fait pas bon s’appeler Robert, dirait-on.

Nous, on ne savait pas vraiment tout ça, mais on aurait pas mal à raconter sur le « comment on a conçu la maquette » (nous nous sommes occupés de la typo, pas des planches d’images) et surtout sur les choix que nous avons fait, les partis que nous avons pris. Le truc doit beaucoup à Thierry Puyfoulhoux, dont je suis groupie, et que j’avais du coup invité à Lure, avec Alain Rey, pour parler dico et typo. Son Cicero (pour faire vite une demi-serif gros œil avec un sacré caractère) soutient presque idéalement le petit texte du dictionnaire, je dis presque, car entre-temps il dû penser la même chose et a développé mieux sur cette base, ce que j’ignorais alors.

Le nombre de signes à caser par page était absolument challengesque, les conditions, disons… rudes. L’interclassement (le mélange des noms propres et mots de langue), les usages rédactionnels dans la maison, « l’empreinte visuelle » laissée par ses autres dictionnaires, m’ont conduit à faire une proposition appuyée sur la robustesse typographique et la couleur dans le texte (permise par l’impression très numérisée d’aujourd’hui, au delà de ce qu’on pouvait imaginer il y a quelques années), pour essayer d’aider à la fois au repérage, à l’identification des informations, et à la lisibilité, malgré cette charge phénoménale d’information. Tout cela n’aurait pas été possible sans le dialogue avec l’intransigeante Danièle Morvan et l’aimable Alain Rey pour apprendre, comprendre, décortiquer ce qu’était un dictionnaire du dedans, et leur faire des propositions, pas à pas.

Seul au départ, j’ai été rapidement soutenu par la complice Sandrine Albanel, notamment pour faire face intelligemment à l’invasion d’images (deux fois trop nombreuses à mon goût), de légendes, d’encarts dans le texte. La chose était soumise au regard (des éditeurs et lecteurs…) régulièrement. Du sport. Mais j’ai l’impression que nous avons réussi quelque chose dans ce cheminement long et infinitésimal (Je n’ose même pas dire le corps que le Cicero encaisse ici avec brio). Beaucoup de petits détails, de petites attentions. Mais évidemment, ce n’est pas le chemin qu’on voit, mais le produit. Alors on verra bien ce que l’on en dira, de ce produit. Nous, nous ne sommes engagés que dans le texte. Et encore, parachutés en vol, nous n’avons pu faire le travail simple de prévention de bien des petits problèmes typographiques, lors du réglage du logiciel de mise en page final. D’assez gros défauts typo apparaissent donc au final. C’est dommage, peut-être une prochaine édition permettra-t-elle d’aller au bout.

L’éditeur a mis en ligne un site contenant le dictionnaire intégral (pas en accès libre, on tatonne, on tatonne toujours dans l’édition, pendant que wikipédia avance…) dixel.com/ avec des interviews de Monsieur chouchou Alain, de Mme Durand qui explique, et pas de Danièle Morvan :-( Avec aussi un gadget en flash pour « feuilleter » virtuellement quelques pages du livre, avant de regarder en vrai la chose en librairie (pour mieux voir si vous avez un grand écran, cliquez sur la page là-haut, puis regardez de très près l’adresse du popup qui s’ouvre… vous avez trouvé ?).

Bon, voilà, même si ce projet est déjà loin, loin pour nous, ça fait tout de même quelque chose de le voir sortir. On le reconnaît un peu. Et puis même si nous sommes en général discrets, voire un peu secrets, ça fait quand même plaisir de chroniquer un peu les projets, quand on peut (peut-être Robert pensera-t-il à en faire quelque chose, on peut rêver). Et puis après l’aventure Bescherelle avec Marie-Astrid, on se dit qu’on « apprend » à faire des livres :-)