Peut-être que vous aimez les images (de livres) qui apparaissent aléatoirement et très déformées en haut de cette page… Elles m’ont valu le plaisir et l’honneur d’être associé au prochain livre de Michel Melot. Une quarantaine d’entre-elles, dont beaucoup d’inédites ici, illustreront cet ouvrage préfacé par Régis Debray, édité par L’œil Neuf de Jean-Claude Béhar et mis en page par Patricia Chapuis. On le préparait depuis un moment, et on peut maintenant en parler !
« Livre, » de Michel Melot est une approche dense, personnelle, érudite, talentueuse et très originale de l’objet du même nom, dans ses dimensions matérielles, historiques, sociales, imaginaires, fantasmatiques. Un texte que seul Michel Melot pouvait concocter, avec un grand savoir, des sources originales, un regard pointu, de l’humour et du recul. Je suis vraiment heureux qu’il ait choisi de mêler mes images à son propos, sans craindre les plus dures ou les plus érotiques d’entre elles.
« Livre, » sort en février, avec également une exposition (on en reparlera :-) D’ici là quelques détails et images ci-dessous, extraits du dossier de presse, que ce site est certainement le premier à publier. Je proposerai aussi une petite galerie d’images extraites du livre. De Michel Melot, préfacé par Régis Debray et accompagné de 40 photographies en couleurs de Nicolas Taffin, « Livre » est le premier titre de la collection « L’âme des choses ». ISBN : 2-915543-10-0, 220 pages, format: 18 x26, il paraît en février 2006 au prix de 29 €.
La 4e de couverture
Quel est donc le miracle de cet objet, né il y a plus de deux millénaires, éminemment moderne par sa forme cubique, mathématique, industriel bien avant l’heure, qui a triomphé du rouleau pour devenir la « brique élémentaire » de la pensée occidentale ? Contrairement au savoir numérique, le livre, né du pli, se referme sur lui-même, solidaire de son message. Son espace est conçu pour produire une autorité, voire une transcendance. Il confère à son contenu la forme d’une vérité et en donne crédit à l’auteur. Pour comprendre le pouvoir phénoménal de cette construction, Michel Melot en a sondé la topographie, l’architecture. Il est descendu dans son anatomie profonde, dans ses plis et ses coutures, dans ses fibres physiques et symboliques. Il a interrogé ses rapports étranges aux trois religions dites « du Livre », au profane, au commerce, au politique, à la liberté de penser, de rêver, de désirer. « Le livre, conclut Michel Melot, est un marqueur de la condition humaine. Comme nous, il est complet quand il est seul, et incomplet devant les autres. D’autres livres, d’autres vies, s’ouvrent chaque jour quand le vôtre se ferme. La force du livre, c’est qu’il nous survit et qu’il a, comme notre vie, une fin. Le lecteur doit s’y plier. J’ai écrit ce que je voulais écrire. Que vous m’ayez suivi ou non, ce livre est fini. Mais vous n’en avez pas fini avec le livre. »
Michel Melot est né en 1943 à Blois. Après avoir été directeur du département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale, puis directeur de la Bibliothèque publique d’information du Centre Pompidou, Michel Melot a été Président du conseil supérieur des bibliothèques. Il est l’auteur de « Sagesse du bibliothécaire », L’œil neuf éditions, 2004.
Le sommaire
Livre 1. Et le Verbe se fit Livre… Le pouvoir de la forme – Quatre siècles pour s’imposer – Païen ou Chrétien ?- « Il replia le livre » – Le modèle d’une église virtuelle – « Ce qui réside entre deux couvertures » – Le corpus de Dieu – La guerre des canons – Livre du culte ou culte du Livre ?- L’écriture et son support- L’éditeur, l’auteur, le livre : une nouvelle Trinité.
Ainsi pense le pli La forme transcende le fond – Une rhétorique matérielle – Fleur contre fleur, chair contre chair- La troisième dimension – La dialectique du pli – Fermer, ouvrir- Les plis du temps – Couverture – L’étrange promesse.
L’adieu au verbe Gothique brisure – Taisons nous – Silence, intimité, liberté – Articuler les silences – Portable et navigable – Oser manipuler- La matière et ses tables – Le scandale de l’ordre alphabétique – L’écriture redevient image
Livre 2. La quadrature L’empire du cadre – Paradoxes d’une invention – Le taylorisme avant la mécanique – La norme contre le sens – L’esprit de la lettre – La guerre des écritures- Paysage après la bataille
Prophètes et marchands L’abondance, au risque du sacré- Le livre des livres : la bibliothèque- Fixation, stabilisation, reproduction – Dieu, les auteurs, les affaires – Grandeurs et misères de l’auteur- La vedette – Littérature à vapeur – La valeur de l’exemplaire – La singularité du livre
Au pays de la page Les mots enracinés- La maison d’écrivain – La page engendre l’histoire- Un art du voyage – Le livre-édifice -Livre-ville, ville-livre – Le temps d’une ligne, l’espace d’une page – La résistance de l’image….- …asservie par le livre…- …piégée par l’histoire.
Livre 3. L’amour, la haine La Nef des fous – La haine – Le sage n’écrit pas – Addiction et abstinence – De la Bible au bibelot- L’enfer des bibliophiles -L’industrie de la rareté – Livre et ‘création’- Métamorphose
Voir sans lire, lire sans voir Le ciel ou la page – Vérité et Vanité- Clair-obscur avant la tempête – Sous les plis du manteau – Le livre médecin – La crainte- Lecteurs illettrés- Le livre absolu
La chair et la fin De la bouche à la page – Miroir, miroir…- Plus petit, plus intime – Le sexe – Le dérangement de la Vierge – Chacun son livre, chacun sa fin.