Google images a changé d’interface, une mosaïque plus dense, plus efficace, ajaxifiée, présentant beaucoup plus d’images par page… Génial, hein ? Mais il y a une autre chose à remarquer : après avoir choisi une image dans la zone de résultat, Google vous présente ensuite une deuxième étape avec l’image choisie, extraite, encadrée et placée devant la page web dont elle est issue. La page web d’origine est estompée derrière, l’image, devant est facile à prendre par glisser-déposer, l’ensemble griffé Google (bizarre bizarre : Google fait pourtant tout pour empêcher le glisser-déposer des pages de livres qu’il présente dans google books, par exemple, hum).
Cela n’a plus rien à voir avec le petit bandeau placé auparavant en haut de page. Il faut reconnaître que ce n’était pas toujours pratique, ensuite, de retrouver l’image recherchée dans une page web parfois très longue et dense.
Maintenant, la prise est immédiate et facile. Sauf que… au passage, Google se présente (pour la première fois aussi nettement) il me semble, comme un véritable écran entre vous et le web. Un écran fumé, gris. Un écran qui semble dire : la consultation de la page web n’est pas nécessaire. En effet, pourquoi serait-il utile de connaître le contexte d’une image ;-) hein, je vous le demande ? pfff. Bref, ainsi, Google enterre complètement son vieux rôle démodé de moteur de recherche, devient l’éditeur, remplace totalement le web et s’approprie totalement ses contenus (avec bien entendu de ridicules précautions oratoires dans la marge à droite). Cela me semble très déplaisant et inquiétant. Et attention, cela n’a rien à voir avec la réticence à voir (mes) images circuler. Au contraire. Je suis très favorable à la « libre circulation » des objets artistiques ou intellectuels. Mais justement, la fameuse sérendipité suppose de voir tout ce qui peut entourer une citation, une image. Bref, de laisser les auteurs faire leur travail, d’une certaine manière. Google semble là porter atteinte à une liberté de composition documentaire, de constitution des savoirs. Monomedia. Cela peut-être très risqué car Google se trompe bien souvent sur l’attribution de sens à une image (dans cet exemple, l’image n’a rien à voir avec le Fil d’A, mais provient du projet Livre,).
Si vous n’avez pas déjà essayé, faites-le : c’est diablement efficace, et en même temps un peu dégoûtant. Cela donne juste envie de ressortir les vieilles techniques de Framebusting les plus violentes.